« Lorsque rien n’arrête notre regard, notre regard porte loin. Mais s’il ne rencontre rien, il ne voit rien. Il ne voit que ce qu’il rencontre: l’espace et ce qui arrête notre regard, ce sur quoi la vue bute: l’obstacle. » Espèces d’espaces – Georges Pérec
Tandis que par mon déplacement physique je parcours des espaces, mon esprit lui capte, enregistre, isole des éléments. Mon regard s’arrête, définissant une rencontre sensible dans mon environnement quotidien. Résultat d’une appropriation de l’objet qui a provoqué une expérience physique et perceptive, je propose une nouvelle lecture, une expérience déplacée.
Dessins (5) |
Campagne d'abattage (3) |
Claude DORIDAM
Native de Lorraine, région minière et sidérurgique, je vis à Beauvais. Si les couleurs et la poussière qui imprégnaient jour et nuit ce plateau lorrain ainsi que le Luxembourg et la Belgique proches ont disparus aujourd’hui avec la destruction des usines et des haut–fourneaux, elles m’accompagnent encore dans mon travail. Cette ambiance couleur minerai de fer, charbon et coulées de métal en fusion est racontée dans mes toiles et c’est ainsi, qu’à la fois instinctivement et progressivement dans mon cheminement apparaissent et réapparaissent différents matériaux : toile brute, que je tends sur châssis, je colle papier de soie, journaux, grillage, ardoise, magazine… images et calligraphie se côtoient. S’y mêlent également pigments, peinture acrylique, fusain, craie…...
J’interroge la toile pour en faire des bribes de temps des
strates de mémoire. La superposition de matières et de couleurs instaure
un jeu de découvert/recouvert, de révélé/enfoui….… c’est un corps à corps avec
le tableau, petit à petit il se construit. Mais au bout du compte : « l’œuvre est faite aussi par ceux
qui la regardent » (Marcel
DUCHAMP).